Après la découverte de Lifou, Maré et l'Ile des Pins, ces micro-îles calédoniennes où j'ai plus que profité de prendre son temps, l'objectif était de compléter par une visite de la Grande Terre, la "vraie Nouvelle Calédonie", sur le trop peu de jours qui me restent.
Hasard, chance ou destinée, Lifou m'a permis de croiser Sandrine, une voyageuse alsacienne qui a la particularité de goûter tous les plats locaux les plus bizarres (la roussette grillée de Lifou entière dans l'assiette, moi j'ose pas...), d'aller partout où les touristes de base ne vont pas, d'avoir des très bons tuyaux concernant la Grande Terre et occasionnellement de se perdre en forêt.
Après 3 mois à me balader en solo, l'idée de faire quelques jours en "colocation" me tente. Agendas synchronisés, à peine de retour de l'île des Pins, j'embarque pour la suite. La voiture est louée, le programme est planifié, roulez jeunesse! Presque trop facile, merci Sandrine et merci ses informateurs Dan et Jean-Claude du gîte du Tour du Monde (ça mérite un coup de pub, www.tour-du-monde.nc).
Première et unique étape sur la côte Ouest, la région de Bourail, la plage de la Roche Percée, le Bonhomme de Bourail et la baie des Tortues. Joli, mais après les plages des semaines précédentes, pas tout à fait au niveau...
La côte Ouest, "pleine de vide", est historiquement la côte des Caldoches, descendants d'anciens bagnards français. Des immenses propriétés broussailleuses, un espèce de Far Ouest à la Calédonienne ou les propriétaires terriens parcourent leurs terres à cheval, lasso et fusil harnaché à la selle.
Direction la pointe Nord et la route, qui s'enfonce dans les montagnes, est étroite mais belle !
La région du relais de Poingam, juste à temps pour le coucher de soleil.
Poingam, un lieu plein de charme et une table d'hôte de haut niveau... Salade de bénitier à la papaye verte du jardin, Demi-cerf à la broche, banane poingo, pourpier des mers et sauce barbecue des îles... Des plats pareils, ça réveille les papilles!
La pointe Nord, ses paysages et ses chevaux sauvages se laissent découvrir.
La région est dépeuplée, mais l'homme y fait sa trace.
Et toujours cette générosité des gens. Des touristes qui passent, les gamins montent dans les arbres pour nous donner une "petite" papaye.
On change de côte et d'atmosphère, bienvenu sur la côte Est. Un climat nettement plus humide, comme en témoignent les cascades et les nombreuses rivières qui ponctuent la route côtière, et des villages historiquement Kanaks, certains à forte tendance indépendantiste. On nous déconseille de rouler ou de se promener en soirée, risque de caillassage, et on nous déconseille le village de Canala, trop indépendantiste.
Cascade de Tao, et le plaisir de redécouvrir une eau fraîche
La région de Hienghène, la rivière du même nom et sa pierre noire et dure, qui a permis la formation de particularités géologiques, comme le rocher de la Poule Pondeuse et les falaises de Lindéraliques. Difficile à croire que c'est du calcaire...
Et c'est là que notre programme diverge du classique tour de l'île. On s'enfonce entre les montagnes, sur des pistes caillouteuses, en direction de la tribu de Bas-Coulna, nichée au pied du Mont Panié.
Un lieu retiré, authentique ou notre vie s'est comme arrêtée... Vous noterez la progression du gris et des nuages. A peine arrivé, une pluie diluvienne, qui se calmera définitivement 36 h plus tard, des rivières en furie et pas question de prendre la route, ni de partir en rando! Mais tout le temps pour partager le quotidien de la tribu, et se perdre dans des discussions mystico-existentielles avec Jonas, un philosophe-sculpteur-naturaliste à l'esprit vif, mais parfois un peu "perché". Merci à Ida, Abel et à toute la tribu de Bas Coulna pour leur accueil.
La côte Est déroule, et la route serpente dans la terre rouge.
Et découverte d'une des nombreuses mines de nickel de Nouvelle Calédonie, bienvenu dans la mine désaffectée de Poro.
Le nickel, c'est LA ressource qui fait vivre la Nouvelle Calédonie. 25 à 30 % des réserves mondiales, des mines à ciel ouvert et des chantiers pharaoniques. Le chantier de l'Usine du Nord, en cours de construction, emploie actuellement près de 3'000 personnes, pour 1'000 emplois en phase d'exploitation....
Le nickel et l'industrie minière, c'est aussi un secteur ou le droit du travail est peu, voir pas respecté, et c'est surtout une catastrophe écologique. Les mines défigurent le paysage et mettent à nu le sol. A chaque pluie, c'est des quantités gigantesques de boue rouge qui finissent directement dans le lagon. Sans parler de l'extraction et du traitement du minerai, procédés polluants par excellence.
J'avais jamais vu une mine ; ça c'est fait!
Dernière étape de mon voyage, entre deux averses, Canala
Et la confirmation de ne pas écouter les "oui-dire" : Pas la moindre agressivité, un accueil toujours aussi chaleureux et spontané et une région magnifique.
Au terme de ce mois en Nouvelle Calédonie, le Cassien repart rempli d'une énergie nouvelle, et reste à l'affût du beau et de l'insolite, du minuscule et du grandiose.
A bientôt !